Même si le temps passe

Publié le 12 Août 2018

Même si le temps passe sans que l’on s’en aperçoive, je vous suis toujours fidèle et je reste la même. Vos écrits et vos mots se font toujours l’écho, de votre présence malgré mon absence.

Ma plume parfois s’agite et vient me cueillir. Elle noircit les pages mais reste toujours sage. Mes crayons et leur grain de folie s’abandonnent avec délice. Quant à mes pinceaux, beaucoup plus timides, ils s’immiscent parfois dans ce jeu interdit.

Ils sont très complices et chaque matin, me font signe. Leur malice m’interpelle mais je ne cède pas à leur caprice. Je les regarde avec bienveillance car ils sont pour moi une chance. Celle de m’exprimer, celle de voyager. Celle de partager, celle de m’évader.

Alors, quand le désir se fait trop fort, avec plaisir, je leur ouvre la porte. Ils se bousculent, sans scrupule. Qui sera le premier à me séduire ? Qui osera franchir la ligne ? Je les caresse du bout des doigts et n’ose croiser leur regard. Je leur promets de ne pas faire de différence, je leur promets la délivrance.

Accrochés à mes yeux, c’est une valse sans fin. Je les trouve radieux, à chacun leur destin. Je choisis ma plume, bavarde mais émue. Elle se veut sage mais glisse sur ma page. Elle veut s’abandonner. Elle a tant à raconter. Je la laisse danser, je la laisse respirer. Mes mots se sont sentis prisonniers, à eux de s’évader. Je les surveille sans crainte, sous le joug de ma main.

Mes crayons et mes pinceaux s’allient devant ce choix abusif. Je leur promets la même faveur et à leur tour d’être les acteurs.

Mon crayon me trouble quand il ose ses courbes. Il fait naître devant moi des visages parfois maladroits. Pourtant il s’applique mais ce n’est qu’un débutant. Je lui offre le privilège de s’octroyer quelques ignorances.

Quant à mes pinceaux, ils sont un peu dissipés. Ils batifolent avec légèreté. Ils croisent le chemin d’une couleur et l’invitent sans pudeur. Ils sont encore trop jeunes pour que je leur impose de faire leurs preuves. Je les laisse s’amuser. Je leur accorde la liberté.

Après cet instant ludique, chacun reprend sa place avec frénésie. Chacun s’est exprimé, personne n’a jugé. Je les repose avec délicatesse, encore plongés dans leur ivresse. Ils me regardent d’un œil suppliant. Vais-je les laisser enfermer encore longtemps ? Ils me promettent d’être mon allié. Je leur promets de ne pas les abandonner. A lui seul, mon sourire, leur fait comprendre qu’ils font partie de ma vie.

Pour eux, c’est une joie de vous retrouver, et avec vous, de flâner, sur les pages de ma vie, où jamais je ne vous oublie.

Elisa